Carence en soufre (S)
Fréquence
Le soufre a un comportement similaire à celui de l’azote dans le sol : la forme sulfate résultant de la minéralisation du soufre organique du sol ou des apports d'engrais, est sensible au lessivage. Les fournitures du sol sont étroitement liées au climat de l’automne et de l’hiver.
Titre : Apparition de foyers à partir du stade épi 1cm Description : Les carences en soufre apparaissent en foyer généralement à partir de début montaison. |
Titre : Jeunes feuilles vert clair à jaune Description : La décoloration peut être plus marquée à la base du limbe. |
Titre : Stries jaunes le long des nervures Description : Stries jaunes ou vert clair le long des nervures des jeunes feuilles. |
Titre : Croissance légèrement altérée Description : Réduction de la montée des talles à partir du stade épi 1cm (plante carencée à droite). |
Titre : Stries jaunes le long des nervures Description : Stries jaunes ou vert clair le long des nervures des jeunes feuilles. |
Symptômes
Apparition à partir de fin tallage - début montaison.
Les symptômes s'accentuent jusqu’au stade dernière feuille (soufre et azote ont la même dynamique d’absorption).
• Parcelle
Les zones atteintes sont réparties en foyers et parfois par bandes correspondant au recoupement de passages pour l'épandage d'azote car les zones surfertilisées en azote extériorisent en premier la carence.
• Plantes
Si la carence est précoce, croissance réduite (- 10 à – 30 %) et tallage réduit.
Entrenœuds plus courts.
• Feuilles
- Aspect vert pâle des jeunes feuilles qui peut être plus marqué à la base du limbe.
- Stries jaunes ou vert clair le long des nervures.
Attention : la carence en soufre ne s’extériorise pas toujours par des symptômes visuels ; des pertes de rendement jusqu’à 10q/ha peuvent passer inaperçues.
Carence en N | Jaunissement des vieilles feuilles |
Carence en S | Jaunissement des jeunes feuilles |
Confirmation du diagnostic
• Analyse de plantes : Teneurs en S en % de la matière sèche.
- Stade épi 1 cm (parties aériennes) : 0.25 – 0.30%. A ce stade, le rapport N/S semble plus important que la teneur en soufre : Carence si N/S > 12 à 15.
- Floraison (2ème et 3ème feuille sous l’épi) : Seuil de carence : 0.20% ; Normal : 0.25 – 0.30 %. Attention à respecter rigoureusement le stade.
- A 2 nœuds, le diagnostic peut être établi à partir de le teneur en sulfate dans le jus de base de tige. Seuil de carence < 200 mg sulfate/l.
L’interprétation est plus facile si on réalise aussi le dosage du S sur des plantes saines et des plantes atteintes.
Situations à risques
- Le soufre a un comportement similaire à celui de l’azote dans le sol : sensible au lessivage et dépendant de la minéralisation, les fournitures du sol sont étroitement liées au climat de l’automne et de l’hiver.
- La carence en S est le plus fréquemment rencontrée sur les sols sensibles au lessivage et à faible minéralisation (argilo-calcaires superficiels, sols sableux et sols limoneux pauvres en matières organiques). Les hivers pluvieux et les printemps froids renforcent ce risque.
Dans les parcelles qui reçoivent des apports organiques réguliers depuis au moins 15 ans, les fournitures restantes sont le plus souvent suffisantes pour couvrir les besoins. Dans les autres situations, il convient d’évaluer le risque pour décider de la pertinence d’un apport et déterminer sa dose.
Les forts apports d'azote accentuent la carence en soufre.
Une grille d’estimation du risque de carence en soufre sur céréales est proposée ci dessous :
Tableau 1 : Grille de préconisation d’apport de soufre (kg /ha de SO3) entre début et fin tallage, sur blé et orge d’hiver - Situations sans apports réguliers et fréquents de matière organique (moins de 3 apports en 10 ans)
Sur céréales de printemps : réduire la dose de 20 kg de SO3/ha compte tenu des besoins moins importants.
Tableau 2 : Grille de préconisation d’apport de soufre (kg /ha de SO3) entre début et fin tallage, sur blé et orge d’hiver - Situations avec apports fréquents de matière organique depuis au moins 10 ans (au moins 3 apports en 10 ans)
Nuisibilité
- Diminution du nombre d’épis/m² ou de la fertilité des épis.
- Les pertes vont de 2 à plus de 10 q/ha dans la plupart des cas, jusqu'à 20 q/ha pour les carences sévères. Les pertes sont d'autant plus élevées que la carence est précoce.
- Faible si la carence est corrigée avant le stade 2 nœuds.
Solutions préventives et curatives
Solutions curatives
Dès l’apparition des symptômes, apporter 20 à 40 kg/ha de SO3, de préférence en pulvérisation foliaire de solution à 10% de sulfate d’ammonium ou sous forme de soufre micronisé.
Solutions préventives
Dans les situations à risque (cf grille de préconisation)
- Apporter de 30 à 50 kg/ha SO3 du début tallage à épi 1 cm (meilleure efficacité du soufre de fin tallage à épi 1cm.
- Eviter l’apport avant l’hiver car le soufre risque d’être lessivé.
- Les engrais contenant la forme sulfate, thiosulfate et le soufre micronisé ont une efficacité équivalente.
Forme d’engrais
Les engrais soufrés disponibles sur le marché contiennent le plus souvent du soufre sous forme sulfate, associé à un ou plusieurs autres éléments tels que l’azote, le phosphore, le potassium ou le magnésium. On trouve également du soufre élémentaire micronisé et la forme thiosulfate.
La forme d’engrais n’influence pas l’efficacité de l’apport. Elle doit être choisie en fonction du coût et de l’équilibre avec les autres éléments apportés lorsqu’on choisit un engrais composé.Le soufre micronisé est généralement le plus coûteux. Les superphosphates 18 et 25 et le sulfate d’ammonium, les moins coûteux, sont les plus utilisés.
Les sulfates de potassium et de magnésium ainsi que les superphosphates impliquent un passage spécifique à un stade de la culture où l’apport des éléments associés au soufre est peu efficace, voire non justifié compte-tenu des exigences faibles en P, K et Mg du blé.
L’idéal est de coupler l’apport de soufre à celui de l’azote car les besoins en ces deux éléments sont étroitement liés. Le sulfate d’ammonium utilisé au premier apport d’azote constitue une pratique courante. Mais il peut se révéler peu efficace dans les sols sensibles au lessivage lorsque le printemps est pluvieux (lessivage du sulfate).
Dans certaines régions, le sulfate d’ammonium est apporté courant tallage entre le premier et le second apport d’azote. Outre le passage supplémentaire qu’il occasionne, cet apport augmente inutilement la dose d’azote au tallage; l’objectif étant au contraire de l’alléger au profit des apports de fin montaison. Le meilleur compromis reste donc l’apport au stade épi 1 cm d’un engrais dont le rapport N/SO3 est compris entre 2 et 3.
Engrais Teneur en SO3 (%) Sulfate d’ammoniaque 60 Sulfonitrate 37 Sulfate de magnésie 50 Kiésérite 48