Limaces
Deroceras reticulatum et Arion hortensis
Fréquence
On distingue deux espèces de limaces :
- La limace grise (Deroceras reticulatum), se déplace à la surface du sol. Couleur grisâtre à brun jaunâtre, avec des tâches allongées. Mucus blanc, orifice respiratoire à l'arrière du bouclier. Taille : jusqu'à 70 mm en extension.
- La limace noire (Arion hortensis), moins mobile, se trouve le plus souvent dans le sol (lucifuge) et apparaît plus rarement en surface. La limace noire représente en réalité un complexe de 2 espèces (A. hortensis, distinctus) dont la distinction à l'oeil nu est impossible. Ces limaces sont assez difficiles à détruire. Couleur noire ardoisée, pied (face inférieure) jaune, mucus jaune, 40 mm en extension.
Ces deux espèces ont une activité essentiellement nocturne. Par temps couvert et humide le jour, elles sont également actives. En France, 80% des parcelles attaquées le sont par des limaces grises.
Titre : Foyers généralement de grande taille Description : Les zones attaquées peuvent être de grande taille. |
Titre : Attaque tardive sans conséquence Description : A partir du tallage, les dégâts n'affectent pas le rendement. |
Titre : Feuilles lacérées par les limaces Description : les feuilles sont effilochées et trouées, parfois sectionnées. Les attaques sur de très jeunes plantules peuvent conduire à leur disparition. |
Titre : Plantes effilochées Description : Les plantes attaquées par les limaces ont un aspect effiloché. Les limaces s'abritent entre les mottes. |
Titre : Dégâts sous forme de trous et d'encoches Description : Les limaces rongent les feuilles et font des trous, des encoches... |
Titre : Limace noire Description : La limace noire se trouve le plus souvent dans le sol. Elle mesure jusqu'à 40 mm. |
Titre : Limace grise Description : La limace grise se déplace à la surface du sol, et mesure jusqu'à 70 mm. |
Titre : Oeufs de limace Description : Les oeufs de limaces sont déposés dans des cavités du sol, propices au développement des larves car gardant une humidité et une température moins variables. |
Symptômes
Période d'attaque de la levée à 3 feuilles ; au delà, les dégâts peuvent persister, jusqu’à l’épiaison, mais ont peu de répercussions.
Par climat très favorable aux limaces, des attaques sont possibles après le semis sur des graines accessibles, dès le début de la germination.
Parcelle
Les attaques se répartissent en foyers sur la parcelle. Ces foyers peuvent s'étendre.
Plantes
- A la levée, on observe des manques. Ce sont surtout les graines en surface ou mal enterrées qui sont concernées par ces attaques.
- Après la levée, les feuilles sont effilochées et/ou avec des encoches, parfois sectionnées. Les attaques sur de très jeunes plantules peuvent conduire à leur disparition.
Attention, les premières attaques de zabres peuvent se confondre avec celles des limaces.
Ne pas confondre
Biologie
Les limaces grises et noires sont hermaphrodites. La fécondation est croisée et les spermatozoïdes sont échangés permettant à chaque individu de pondre.
Les limaces présentent 2 pics d'éclosion des oeufs : un au printemps et un à l’automne correspondant à 2 générations. En général, en fin de génération : ponte puis mort des limaces.
La durée de vie de la limace grise est de 9 à 12 mois, et de 12 mois pour la limace noire. La présence des limaces grises et noires est quasi constante en culture.
Les limaces sont des organismes fortement dépendants des conditions climatiques tels que la température (chaude ou froide), l’hygrométrie, et l’humidité du sol. On observe ainsi une variabilité importante d’activité en fonction de ces critères.
Situations à risque
Les limaces ont besoin d’humidité et d’abris. Les attaques explosives ont lieu en période douce et humide.
- Climat : l'humidité du sol est le principal facteur qui conditionne leur activité. La sécheresse les oblige à se réfugier dans les anfractuosités du sol ou sous les résidus de végétation.
- Sol : les limaces s’abritent et se déplacent dans les anfractuosités du sol ; les sols argileux, motteux, leurs sont favorables ; au contraire, elles sont rares dans les sols sableux.
- Rotation : les rotations à base de colza, légumineuses (féverole, trèfle, pois...), tournesol et céréales sont favorables aux limaces ; le colza est le précédent le plus risqué. Les repousses et les cultures intermédiaires, procurent nourriture et humidités favorables aux limaces.
- Travail du sol : les préparations motteuses, soufflées, leurs fournissent des abris. La conservation de la matière organique en surface augmente le risque, en particulier dans le cas des préparations superficielles et semis direct.
Nuisibilité
- Fréquence : les attaques peuvent être importantes à la faveur de conditions particulièrement douces et humides.
- Intensité : L’attaque est d’autant plus grave qu’elle est précoce.
De fortes attaques au semis et à la levée (grains ou plantules totalement dévorés) peuvent conduire à la destruction d'une partie de la parcelle.
Courant tallage et montaison, les attaques (feuilles lacérées) seront sans conséquence majeure sur le rendement.
Méthodes de lutte
Lutte agronomique
Elle se pratique pendant l’interculture et permet de réduire une partie des populations.
- Réaliser un déchaumage juste après la récolte du précédent pour éliminer les œufs et les jeunes limaces en les exposant à la sécheresse.
- Réaliser un second (voire un 3ème) déchaumage pour détruire les repousses et les nouvelles levées d’adventices sources de nourriture des limaces, et qui permet de maintenir le sol sec en surface.
- Le labour enfouit les limaces en profondeur plus qu’il ne les détruit. Il permet de retarder l’attaque sur la culture implantée juste après labour et 'enfouissement des résidus végétaux, source de nourriture.
- Réaliser une préparation fine du sol pour casser les mottes qui sont l’habitat des limaces.4
- Le roulage du sol détruit les abris, et limite temporairement leur activité en surface.
- L’implantation d’une culture intermédiaire apporte nourriture et humidité favorable aux limaces. Si l’on souhaite implanter une culture intermédiaire, il faut privilégier les cultures peu appétentes (moutarde, radis, vesce, phacélie...). En revanche, le colza et le seigle sont très appétents pour les 2 types de limaces. Ils favorisent le développement des populations.
Lors de fortes attaques, il est nécessaire d’associer lutte culturale et lutte chimique.
Lutte phytosanitaire
Elle permet de protéger la culture, mais ce n’est pas une technique suffisante pour réduire les populations.
Evaluer le risque avant semis par observation* ou piégeage** en période humide :
* observation : dégâts sur repousses, observations de limaces
**un piège constitue un abri qui maintient l'obscurité et un microclimat humide attirant les limaces à courte distance. Le piège reflète l'activité des limaces en surface.
Le piégeage est à réaliser en condition d’activité des limaces (sol humide); à éviter juste après une préparation de sol qui perturbe l’activité.
- Disposer 4 pièges (minimum) de type INRA (0.25m*0.25m) donnant une surface totale de piégeage de 1 m².
- Les positionner à au moins une dizaine de mètres les uns des autres et au moins 10 mètres de la bordure.
- De préférence poser les pièges le soir après les avoir humidifiés à saturation et les relever le lendemain matin à la fraîche.
- Ne pas mettre de granulés anti-limaces sous les pièges.
- Déplacer les pièges de quelques mètres et les réhumidifier avant chaque nouvelle estimation.
NB : malgré l'intérêt du piégeage pour mieux appréhender l'activité des limaces, la relation netre le nombre de limaces piégées et les dégâts causés aux céréales à paille n'a pas été clairement établie.
Avant le semis,
En cas de risque fort (conditions très favorables aux limaces pendant l’interculture et observations* ou piégeage**) réaliser une application de granulés antilimaces au moins 15 jours avant le semis (cas rare). Ce délai permet de profiter de toute l’efficacité du produit avant qu’il ne soit incorporé dans la terre. Dans tous les cas, cette application ne peut pas remplacer celle conseillée au semis.
Au semis,
En conditions favorables aux limaces et observations* ou piégeage **, c’est le traitement positionné en plein, 4 à 5 jours après le semis qui donne les meilleurs résultats, il permet de réduire d’environ un tiers la perte de pieds. A ce stade les limaces n’ont que les granulés pour se nourrir, car la graine est peu accessible et encore dure avant imbibition. Un renouvellement du traitement aux premiers dégâts améliore un peu la protection.
Le plus souvent, les limaces grises sont majoritaires, les granulés doivent être épandus en surface. Si les limaces noires dominent, il est conseillé d'appliquer les granulés dans la raie de semis, tout en réalisant également une application en surface.
La durée d’efficacité d’un granulé est d’au moins 15 jours. Cette efficacité est amoindrie si les granulés sont difficilement accessibles (collés à la terre). Après de fortes pluies, ils peuvent se coller à la terre, il est donc conseillé de renouveler l’application.
Après la levée,
Après la levée, les traitements sont moins efficaces car l’appétence des granulés est en concurrence avec celle des plantes.
Si aucune application n’a été réalisée antérieurement pour protéger la culture, ou si les granulés antilimaces ont disparu, traiter si :
Activité des limaces visibles (piégeage ou observation) Plus de 30% de plantes attaquées ou foyers complètement détruits |
Au-delà du stade 3-4 feuilles, le pouvoir de compensation de la culture est fort et une nouvelle intervention a peu de chance d’être rentabilisée.
Choix des anti limaces.
La lutte antilimace est assurée par 2 substances actives métaldéhyde et phosphate ferrique. Ces deux molécules sont consommées par les limaces essentiellement par les appâts associés, constitués de divers ingrédients (farines…) qui sont autant de secrets de fabrication et qui caractérisent l’appétence. Les granulés ont été améliorés :
- dans la régularité de taille et de concentration de substance active par granulé,
- dans la tenue à la pluie et dans leur appétence.
Lorsqu’une fourchette de dose est préconisée, les doses fortes sont à réserver aux risques les plus élevés. Ne pas baisser le nombre de granulés/m2 en deçà des doses préconisées. Il est préférable de privilégier une dose moyenne renouvelée 2 fois, plutôt que de traiter une seule fois à dose forte.